Camille Épisode 3 : Choix de vie… Choix des pauvres
Ordonné prêtre, Camille aurait pu, par ses relations, demeurer à Rome et y exercer de hautes fonctions dans l’Administration du Vatican. Mais il n’en est rien ! C’est en Savoie qu’il veut servir l’Église, dans l’humilité qui est devenue son choix de vie. Il est nommé quatrième vicaire (non rémunéré) de la cathédrale de Chambéry. Il renonce à un appartement de fonction et se contente de quelques pièces dans un immeuble de la rue Saint-Réal.
C’est aux pauvres qu’il va consacrer son apostolat. Sa sensibilité aux malheurs des plus humbles remonte à sa jeunesse :
. À La Motte-Servolex, pompier avec son père et ses frères, il s’était mobilisé pour susciter un mouvement d’entraide aux sinistrés d’un incendie survenu dans la commune.
. Ou encore, au cours d’un voyage, à Paris, son désarroi avait été grand à la vue de deux garçons en haillons grelotant de froid, tendant leurs mains pour mendier, qu’il va généreusement remplir. Toujours marqué par ces malheureux, sur le chemin de retour, bercé par les cahots de la voiture, Camille va vivre une expérience singulière. Rêve, songe, prémonition… il se voit recueillant ces deux enfants, leur donner un toit et une sécurité matérielle ! Est-ce déjà un appel ?
Cultivant le contact avec les milieux ouvriers de sa paroisse, il prend la mesure de leurs besoins et fonde, sous le patronage de saint François de Sales, une société de secours mutuels pour répondre à l’urgence et à la maladie.

À la fin de l’année 1867, une épidémie de choléra ravage Chambéry. Les familles les plus pauvres, entassées dans des taudis du faubourg Maché, sont les plus atteintes. Des dizaines d’enfants se retrouvent orphelins, en proie à la faim et à tous les dangers. Comment répondre à une telle détresse ?
Camille voit, comme beaucoup de ses contemporains, la détresse de ces enfants ! Sans moyen particulier, il décide d’agir. Il prend en charge cinq ou six d’entre eux et leur donne gite et couvert, dans son modeste logement. Mais cet accueil ne peut qu’être provisoire. Il ne répond pas à la situation de tous les autres enfants de la ville abandonnés à leur sort, sans famille et sans toit. Pour y remédier, Camille mobilise son énergie pour créer un lieu d’accueil des mineurs en besoin d’assistance matérielle et morale.
Il obtient du Comte Ernest de Boigne (petit-fils du Général de Boigne, bienfaiteur de la ville), la mise à disposition gracieuse, proche de son château de Buisson-Rond, d’un modeste bâtiment autrefois occupé par les douaniers sardes.
Ainsi naît, en 1868, l’orphelinat du Bocage...